Voici les étapes de l'élaboration d'un portrait. Cette rubrique peut être utile, comme elle l'a été pour moi, pour ceux qui désireraient se jeter à l'eau.

Quelques photographies intermédiaires permettent de dévoiler un peu la technique utilisée pour ce sujet. Elle varie bien entendu selon les artistes. Pour ma part, la technique peut s'adapter au sujet, selon le niveau de "rendu" souhaité. Dans ce cas précis j'ai beaucoup écrasé les matières avec les doigts afin d'obtenir une peau veloutée. De même pour les blancs, je les ai introduits au tout début comme on réalise des réserves en aquarelle afin de restituer l'éclat de la lumière. Dans la plupart des cas il vaut mieux les placer en fin de travail.

Sonia s'est prêtée à cette pose magnifique dans une rue de Salvador de Bahia (merci André) . Son sourire étincelant et sa peau cuivrée sont un appel à l'immortalité d'un pastel ! Le support est un pastel card Senellier de 60 x 80 cm. A la mise en place dans la feuille, je tatonne toujours entre ma spontanéité et la nécessité, à un moment ou un autre, de prendre une proportion pour restituer au mieux la beauté de cette jeune femme. Je trace donc très discrètement deux lignes perpendiculaires passant par l'axe des yeux et le milieu du nez. Son visage est plus haut que je ne pensais et je m'y reprends à deux fois pour positionner sa bouche. Puis je commence à monter le volume avec les blancs après avoir tracé les lignes principales au fusain sepia. La luminosité est telle sur sa peau que je garnis beaucoup la feuille pour avoir la luminosité adéquate. Au milieu du travail, je me demande si je ne suis pas en train de produire un dessin noir et blanc. Je passe ensuite à la couleur. Là le grain de peau est chaque fois un mystère pour moi. Rien à voir avec Chad, Ethiopienne ou Dalaya Indienne ! Cinq couleurs au moins sont nécessaires en superposition pour restituer cette peau unique. Après avoir bien travaillé les éclats, la lumière et les ombres, je passe enfin à la coiffure. Un nouveau défi ces tissus, si riches de détails ! Un peu d'accentuation des lumières et des détails du regard. C'est fini.

J'utilise des pastels de différentes marques ; Schminke, Rembrant ou Girault, avec une nette préférence pour les pastels GIRAULT, fabriqués en DORDOGNE ! Agréables pour leur souplesse, au début comme à la fin du tableau. J'utilise aussi tout ce qui est à ma disposition : carrés conté, crayons sanguine et pastel. Sans oublier les crayons à estompe, le sopalin, la brosse à dent etc.

La fixation est souvent un problème avec le pastel car elle fait souvent pénétrer les pigments dans le support . Il faut donc l'utiliser avec parcimonie si l'on ne veut pas voir les contrastes s'éteindre. La pratique m'a encouragé à ne plus fixer du tout, ce  qui permet de reprendre le tableau après quelques temps, comme si on l'avait posé la veille.

L'encadrement sous verre est nécessaire pour protéger un pastel des outrages du temps. Son plus grand ennemi est comme dans toute technique, l'humidité. Protégé ainsi un pastel se conservera des siècles !